Dernièrement, dans sa lutte contre l’inflation, en raison de la guerre en Ukraine, la banque centrale indienne a relevé pour la quatrième fois son taux directeur. Mais, pour autant, cela n’a pas affaibli le nombre de demandes de crédit. Les consommateurs cherchant à faire des achats, les demandes de prêts ont, de ce fait, connu une forte croissance en Inde, avec une bien meilleure qualité des actifs. Les banques et les créanciers fantômes ont fait état d’un bénéfice record sur le dernier trimestre.

Hausse des taux d’intérêt en Inde depuis mai 2022

L’annonce officielle de la première hausse a été faite en début de mai dernier. Une augmentation inopinée du taux directeur de 40 points de base à 4,40 % avec application immédiate, annoncée par Shaktikanta Das, le gouverneur de la Reserve Bank of India (RBI). La dernière hausse date de fin septembre. C’est la quatrième en cinq mois afin de tenter de pallier une dépréciation de la roupie et une inflation élevée.

Sur cette dernière, la RBI ou la Reserve Bank of India a fait une augmentation de 50 points de base sur son taux directeur dans le but de le porter à 5,90 %. Et si on compte les hausses successives sur ces quatre derniers mois, à partir du mois de mai, le début du cycle de resserrement monétaire, cela représente une augmentation totale de plus de deux points.

L’Inde a pourtant bien géré sa situation après la pandémie, avec un des taux de croissance les plus élevés au monde. Mais aujourd’hui, le pays se trouve être confronté à la hausse du cours de matière première, au choc économique mondiale généré par la guerre en Ukraine. Le gouverneur de la RBI  déclaré dans une interview que les perspectives économiques mondiales restent sombres.

Le bénéfice de Bajaj finance dépasse les estimations IBES

Bajaj finance est un créancier fantôme qui se spécialise dans la finance de consommation en Inde. Récemment, elle a déclaré une hausse de la demande de prêt, confirmant que les consommateurs envisagent de faire plus d’achats.

Les estimations avaient prévu en moyenne 26,8 milliards de roupies, selon les chiffres indiqués par Refinitiv IBES Estimate (Institutional Brokers’ Estimate System). Ce dernier étant une base de données qui rassemble les différentes prédictions faites par les analystes boursiers sur les éventuels bénéfices des sociétés cotées en bourse.

L’entreprise Bajaj Finance a déclaré dans un document déposé en bourse qu’un an plus tôt, le bénéfice consolidé avait atteint 14,81 millions de roupies. Mais au cours du second trimestre de cette année, qui a pris fin le 30 septembre, une augmentation de 88 % a été enregistrée pour atteindre 27,81 milliards de roupies, soit 336,53 millions de dollars ou 335, 93 millions d’euros, de bénéfice.

Le taux des nouveaux prêts a augmenté de 7 % et les bénéfices nets sur les intérêts ont connu une hausse de 31 %.

Pour ce qui est du ratio brut d’actifs non performants, une mesure qui permet de juger de la qualité des actifs, il a diminué à 1,17 % à la fin du mois de septembre contre 2,45 % un an plus tôt. Or, les actifs sous gestion de la société ont connu une hausse de 31 % pour atteindre 2,18 trillions de roupies.

Une reprise de la demande auprès des créanciers immobiliers

Un autre point qui confirme la hausse des demandes de crédits, la reprise de la demande de prêts immobiliers en Inde. En effet, malgré les hausses de taux directeurs déjà appliquées, les créanciers hypothécaires indiens ont observé une forte augmentation de ce type de requêtes de financement.

Selon les dernières données de la banque centrale aussi, les prêts immobiliers ont  connu une hausse de 16 % à la date du fin juillet en comparaison à la même période de l’année dernière,

Dans ce même contexte, le directeur de la compagnie HDFC ou Housing Development Finance Corporation, un organisme spécialisé dans le crédit immobilier, a aussi annoncé une forte demande de prêts en Inde. Et selon lui, ces requêtes devraient encore augmenter au cours des prochains mois.

Reuters Keki Mistry, le directeur général de HDFC a également déclaré que : « L’économie est florissante, le facteur de bien-être est élevé, l’accessibilité est meilleure, de sorte que les gens sont à l’aise pour acheter des maisons même si les taux sont légèrement plus élevés ».

Prévision sur les éventuels taux d’intérêt et des demandes de prêt

Selon les sondages effectués par Reuters, les économistes prévoient une augmentation de 60 points de base supplémentaires en moyenne d’ici mars 2023. Mais pour autant, cela ne devrait pas impacter conséquemment sur les demandes de crédits.

Selon Mistry : « Le facteur de bien-être économique est si fort que (nous) nous attendons à ce que la saison des festivals soit très forte », en faisant référence à la période de fin septembre jusqu’en décembre.

Il a aussi ajouté que les risques d’une augmentation assez conséquente des taux d’intérêts n’est pas certains, en déclarant : « Je ne pense pas que nous verrons une augmentation trop importante des taux d’intérêt à l’avenir, il y aura une certaine augmentation, mais je ne pense pas que cela dissuadera les acheteurs ».

Les économistes sont du même avis que Mistry. À l’exemple de Madan Sabnavis, l’économiste en chef de la Bank of Baroda. Ce dernier a déclaré, dans un rapport publié vers la fin du mois dernier, que les consommateurs sont déjà préparés à une éventuelle montée des taux.